by Scander Safsaf. 16/05/2019. Algerian Freedom Alliance.
“Forcé qui ne saurait réaliser l’évidence à même de changer sa destinée”.
En ce mois de mars 2019 les prémices d’un printemps précoce se sont fait sentir dans ce pays à l’importance régionale certaine. Une révolte, partie du sentiment généralisé d’un refus du système, exacerbée par les atermoiements, réels ou voulus, d’un pouvoir, de pouvoirs en apparence amorphes, mais bien aux aguets dans les faits. Une révolte donc, finit par aboutir à une situation explosive, catalysant toute l’exaspération d’une population avide de changements, cristallisant toutes les inimitiés entre gouvernant et gouvernés. Toutes les composantes du spectre populaire national, toutes ses sensibilités aussi différentes qu’elles soient, marchant à l’unisson, clament de toute leur voix la nécessité d’un changement profond, réel, sans équivoque et finissent par amener le pays “au bord du gouffre” dixit un célèbre ministre. Fatalité nécessaire pour certains, à éviter pour d’autres, nous sommes loin de la formule métaphorique destinée à faire peur et versons plutôt dans le réalisme d’une prise en main annoncée des instances du FMI avec tout son lot de misère sociale et d’instabilité longue et durable.
Aussi explosive que soit la situation que vit cette nation depuis quelques semaines; celle-ci n’est pas sans rappeler le pré-contexte des événements d’octobre 88; l’on se doit de replacer cette dernière dans son contexte, celui d’une lutte exacerbée entre gouvernances, d’une lutte à mort entre deux approches systémiques que presque tout opposent, aux méthodes parfois similaires, mais aux visées radicalement divergentes pour ce qui est de l’avenir de cette jeune nation. Prise en tant que telle, toute gouvernance n’est que la résultante d’un habillage le long de lignes directrices particulières, s’étayant elle-mêmes sur des segments à consonance politique, nationaliste mais surtout idéologique.
L’Algérie, mecque des révolutionnaires il fut un temps, pays par excellence propice et fertile en théorisations souvent, très souvent, opportunistes, tanguant selon l’état de la mer entre un socialisme adapté, un néo libéralisme sporadique, le tout sur un fond conservateur rassurant. L’Algérie, ou plutôt ses gouvernances, se drapent donc d’apparats pseudo idéologiques, véritable modus vivendi liant le pouvoir à sa population, véritable et dangereux système de pensée tirant ses sources, nous le verrons pour un cas particulier, d’un mimétisme, celui des pratiques de sponsors internationaux.
La liberté, dès lors, a un prix, celui des ennemis extérieurs, des profanateurs de la constante nationale, d’une véritable indépendance par soi-même, par son propre corps et non pas sous le couvert et la tutelle de faux amis, quelque soit la tempête et son origine. Et qui d’autre que le ou les détenteurs de la force brute, pernicieuse et sans avoir à rendre compte, qui d’autre que ce ou ces organisations, état profond pour certains, mettent à profit le travail de sape, la chape de plomb imposée par certaines puissances étrangères.
A cette collaboration multiforme nous devons rendre hommage, nous y incliner modestement, nous en imprégner afin de pénétrer plus encore sa pensée, son système de pensées et par la même en mesurer la portée d’une part, pour enfin évaluer l’effet de portance de cette entité étrangère. Nous verrons que cette dernière, opérant sous diverses dimensions, que ce soit énergétique pour un contrôle accru d’une ressource primordiale, que ce soit sécuritaire pour raison stratégique ou militaro technologique pour renforcer son allié, nous verrons que cette entité, pour préserver ses acquis, impose au final la présence de ses hommes, de ses méthodes, d’une véritable ligne éditoriale laissant peu, voir aucune marge de manoeuvre à son commis algérien.
Face à cette fracture entre un peuple et ses gouvernants, face à une telle évolution du paysage stratégique algerien et une possible variation de l’équilibre des forces, il est par conséquent difficile de ne pas entrevoir une implication directe du renseignement russe et de sa branche extérieure dans ce fouillis algérien. Principal sponsor de cette hiérarchie profonde que constitue la police politique ou DRS, ces derniers seront dès lors prêts à tout pour maintenir, voire renforcer leur présence en Algérie. La déclaration récente de sa diplomatie sur l’aspect strictement “intérieur” de la crise algérienne n’est pas anodine mais dit en langage diplomatique un message et un avertissement à l’encontre de ses concurrents stratégiques.