Algérie. Assad a t-il séjourné en Algérie ? 1ere Partie.

by Scander Safsaf. 16/05/2019. Algerian Freedom Alliance.

A l’été 2015 le noeud gordien que constitue la situation en Syrie arrive à son épilogue. A moins de l’introduction d’éléments extérieurs à ce pays, c’est un véritable point de non retour que contemple Assad et son régime.

Tout le long de la ligne de front, en des points stratégiques, c’est véritablement par centaine que se compte les pertes en troupe de l’armée syrienne, hémorragie quotidienne en unité combattantes que les potentats du régime ont peine à compenser. Dèslors, ces pertes surpassant largement tout remplacement en unité effective, plusieurs choix s’imposent dont celui, empiriste au vue de l’évolution de la situation, de la survie du clan familial et de ses intérêts. Nous verrons que de toutes les solutions envisagées pour la survie du clan, celle de l’exil vers son allié nord africain en aura constitué l’une des plus viable.

La genèse d’une telle situation, résultant de l’imbrication de plusieurs facteurs liés à la situation intérieure et à des réalités internationales de plus en plus prépondérantes,  s’envisage sous différents aspects. Sans autre recours qu’une “internationalisation du conflit”, l’apparatus sécuritaire syrien opère plusieurs changements majeurs dont celui d’un repli stratégique vers ses bases intérieures et au final l’intronisation de son allié russe comme chef d’état major pour les opérations à venir. Ce cheminement décisionnel, en soi réussi, puisqu’il aboutit à une reprise en main d’une grande partie du territoire à la fin 2018, amène toutefois la question de sa nature en propre, les évènements de l’année 2015 étant clé pour sa compréhension. Mais également sa possible évolution eut été une approche différente mise en place. Dans cette possible optique nous analyserons le compendium intérieur syrien en place à l’été 2015, les contraintes extérieures au système représentées par la situation internationale, pour enfin envisager ce scénario alternatif à l’évolution actuelle en considérant notamment la fuite ou l’exil de membres proéminent du clan Assad vers entre autre son dernier allié arabe. 

Un front intérieur en ébullition

Idlib, Palmyre, Raqqa, Alep, autant de villes aux consonances historiques, bibliques même pour certaines, ou les limiers du régime syrien finissent par perdre leurs dents, ne pouvant que contempler dans l’horreur le déferlement de millier de combattants de tout bord sur ces lignes de front. Guerre d’attrition le long d’un axe nord sud, le long d’une voie naturelle liant les provinces du sud et Damas à la frontière turque et au cœur du pays alaouite. Guerre ou les positions tenues ne sont jamais permanentes et ou chaque village conquis ou reconquis n’est qu’une étape vers la prochaine ville d’importance. Mobilité, rapidité d’exécution, fluidité de la chaîne de commandement vont à l’encontre des préceptes d’une armée classique, à l’encontre d’une doctrine héritée des années de guerre froide et de batailles rangées de tanks. Malgré une réelle résistance, malgré une tentative de réorganiser son armée en brigade de combat plus mobile et facilement projetable sur tout le territoire, malgré le sacrifice de centaine de jeune conscrits, la réalité finit par rattraper cette chaîne de commandement pour rapprocher le tout d’ un point de non retour.

C’est d’abord Raqqa qui dès l’été 2014 voit l’une de ses dernières bases aériennes tomber aux mains des islamistes. Celle-ci est bien l’objet d’une contre attaque des militaires syriens, mais au final est abandonnée ainsi que toute la province faute de renfort et sous les coups de boutoir d’un état islamique en pleine expansion. Puis Alep ou les contingents d’Assad peinent à maintenir leur présence dans la partie ouest de la ville et risquent à tout moment l’encerclement. Pour enfin se voir asséner le coup de grâce avec la prise totale de la province ultra stratégique d’Idlib et la chute de Palmyre, dernière présence dans la partie centrale du pays. L’armée syrienne minée par les défections et la perte de moral n’est plus que l’ombre d’elle-même. 

Au-delà de cette série de défaites militaires, c’est un éclatement total du semblant de cohésion national auquel assiste l’intelligentsia syrienne, avec son cortège de conséquences humaines, sociales et bien entendu économiques. Le drame est bien entendu humanitaire avec ses millions de réfugiés et centaines de milliers de morts et blessés. Nous n’en ferons pas l’énumération, les quelques images d’enfants suffocants, à l’agonie, les poumons saturés de gaz de combat, suffisent à elles-mêmes.

Le front social, fragmenté par quatre années d’intenses combats, s’en trouve complètement disloqué, déchiré par la réalité du terrain. La république baathiste et son modèle de citoyenneté élevé au dessus des différences ethno-religieuses à laissé place à un vertex social ou chaque groupe prêtant allégeance à l’ethnie au pouvoir voit sa représentativité au sein des institutions pondéré, négocié même, en fonction de son apport au régime. De la bourgeoisie sunnite damascène aux populations chiites, se sont dorénavant leur apport en homme et finance  qui détermine leur place au sein de cette néo société. Le régime tente bien lors d’élection présidentielle, de mettre en avant les diverses composantes du peuple syrien, mais ce qui en constitue la structure et sa cohésion se voit au final consumé par le feu de cette rébellion civile, nourrit par des décennies de dictature et de répressions brutales. Les conséquences sont terribles et au-delà des mots concrètes, avec nous le verrons un recentrage et une réorganisation du pouvoir sur son axe ethno-religieux principal.

Le volet économique n’est pas en reste, bien important et même majeur à bien des égards puisqu’il met en exergue l’apport essentiel des quelques donateurs et alliés de la Syrie.

Si un représentant d’une quelconque institution monétaire internationale était amené à établir un bilan de cette économie, la ou les conclusions en seraient lapidaires mais néanmoins simplissime: A l’été 2015 il n’y a plus d’économie syrienne en tant que telle. Les sources traditionnelles de revenus que sont les hydrocarbures et le commerce transfrontalier, avantagé par la position centrale du pays à la croisée de Turquie, Liban, Jordanie et Irak, ces sources se sont taries pour laisser place à un unique approvisionnement en denrées par quelques cargos de pays amis débarquant leur marchandise sur les côtes ouest, sous la protection de la flotte de guerre russe. Chaque nation supportant le régime syrien, en fonction de la visibilité de son implication, participe à l’effort de guerre en réapprovisionnant ce pays et nous soulignerons ici le rôle de l’Algérie, qui si elle n’a officiellement aucun rôle ni partie pris dans le conflit, est dans les faits activement impliqué dans la crise syrienne de par son positionnement et autre alliance stratégique avec la Russie. Précisons que s’agissant d’un partie pris essentiellement officieux (défense toutefois active de l’allié syrien lors des conciliabules de l’organisation des pays arabes, alignement historique le long d’un axe anti impérialiste), les maîtres d’oeuvre en sont la sécurité militaire algérienne (SM ou récemment appelé DRS ou DSS) avec peu voir aucunes implications des composantes politiques et civiles de ce pays. Ne voulant s’encombrer d’aucunes prises de positions en faveur de la dictature syrienne, pour des raisons nous l’imaginons de politique intérieure et d’image à l’international, c’est donc bien entre autres sur le volet économique que cette entente tacite porte ses fruits. En effet, à défaut d’une présence sur le théâtre des opérations (quoique nous le verrons plus loin bien que symbolique celle-ci est réelle), sa participation peut se résumer à “Pétrole et nourriture”. Il s’agit d’accompagner les besoins énergétiques en fournissant gaz et produits raffinés en plus du blé et autres condiments de base pour une population sans autre ressource que celle des banques alimentaires étatiques. Entendons nous, il ne s’agit pas de voir des cargos battant pavillon algérien débarquer leurs marchandises dans des ports syrien, mais avant tout d’assumer son statut de membre de cet ensemble pro-russe, allant de l’amérique latine à l’asie du sud-est en passant par le monde arabe.

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